Forum Le Monde Le Mans

2017 - Peur de quoi ?

De quoi avons-nous peur ? Il y a quelques années encore, la chose aurait été impensable. Un Forum Philo Le Monde Le Mans entièrement consacré au thème de la « peur » ? Trop étroit, ou trop sombre, auraient objecté d’aucuns. Pourtant, lorsque cette idée a été suggérée par une lycéenne du Mans, à l’automne 2016, lors des traditionnelles visites au cours desquelles nous demandons aux élèves quel thème ils souhaiteraient voir traiter par nos prochaines rencontres philosophiques, la réaction des uns et des autres, chez les amis du Forum, a été presque unanime : ce qui aurait naguère suscité une réticence relevait maintenant de l’urgence ; la peur s’imposait comme une évidence. Est-ce un effet des attentats djihadistes ? Le résultat de la précarité sociale, des nouvelles tensions géopolitiques ou des multiples dérèglements climatiques ? Quoi qu’il en soit, la peur semble là, à la fois multiforme et solide. Et plutôt que de l’écarter d’un revers de la main, en affirmant qu’elle est en fait sans objet ou, ce qui revient au même, qu’elle relève d’une orchestration politique (le fameux « gouvernement de la peur »), il convient d’en affronter le réel. En effet, comme l’explique le philosophe Marc Crépon dans son essai intitulé La Culture de la peur (Galilée, 2008), si la crainte est classiquement envisagée comme le ressort du despotisme, la communauté de la peur ne saurait tenir lieu de communauté politique. D’où la nécessité de la surmonter, ou du moins de la déconstruire. Trois jours durant, au palais des Congrès du Mans, philosophes, anthropologues, psychanalystes et historiens, mais aussi écrivains et artistes, tenteront donc de penser cet effroi collectif qui entrave le présent et menace d’annuler l’avenir. Jean Birnbaum, responsable du MONDE des LIVRES coordinateur et animateur du Forum

Peut-on aimer la peur ?

12 novembre 2017
Durée : 00:23:12
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29ème Forum Philo Le Monde Le Mans - « Peur de quoi ? »

Peut-on aimer la peur ?

Intervenante : Nathalie Prince, spécialiste des études littéraires

23 février 1887 : tremblement de terre à Nice. Nietzsche est enthousiaste. La nuit même qui suit le tremblement de terre, à 2 ou 3 heures du matin, il parcourt les rues de la ville. Ce qu’il veut contempler, c’est la peur venue s’afficher sur les visages. Dans ce geste, on peut lire l’expression déroutante, voire scandaleuse, d’une passion fin de siècle pour la peur. Non pas pour ce qui fait peur, mais un attrait pour la peur elle-même. Il apparaît que la peur n’est pas un simple sentiment, mais une expérience, une épreuve, une révélation. Mais qu’expérimente-t-on dans la peur ? Qu’est-ce qui s’y révèle que jusque-là on avait ignoré ?

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