Mémoires du camouflage de la Grande Guerre dans l’art contemporain

5 décembre 2014
Durée : 00:32:19
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Journée d'études - L'artiste et la Grande Guerre, le conflit comme inspiration de 1914 à nos jours

 

Intervenant : Renaud BOUCHET, Maître de conférences en Histoire de l’Art contemporain, CERHIO UMR 6258 - Université du Maine

 

Mémoires du camouflage de la Grande Guerre dans l’art contemporain

Le camouflage matériel appliqué durant la Grande Guerre est apparu comme une nécessité immédiate s’appliquant en contexte terrestre et naval dans la perspective défensive et offensive. Fait nouveau dans l’histoire militaire, sa théorisation comme son application ont principalement été confiées à des artistes et artisans d’art dont les compétences spécifiques ont été sollicitées notamment pour la dissimulation d’objectifs soit par fusion homotypique avec les milieux d’implantation, soit par déstructuration des formes révélatrices au moyen de procédés graphiques et chromatiques.

Les démarches plasticiennes contemporaines ont pu croiser ce champ du camouflage sans que leurs initiateurs (A. Jacquet, A. Warhol, E. Rutten, K. Meyffret, S. Lang, R. Lichtenstein, M. Aubry, T. Hirschorn) aient toujours une conscience pleine et documentée de ce qu’ils devaient aux camoufleurs de la Grande Guerre et à leur contribution multiforme. D’autres ont clairement corrélé leurs pratiques à cette dernière - filiation à valeur de légitimation peut-être parfois délibérément recherchée - réinvestie et interprétée dans l’optique terrestre de la dissimulation ou bien au contraire dans celle de la Dazzle Painting ou « peinture tape-à-l’œil » navale (Lakonik, J.-C. Le Gouic, J. Koons, A. Bantjes, A. Judic, R. G. McHarg III, P. Van Lubeck, A. Reimann, F. Moreno, C. Fudge, J.-B. Sauvage, C. M. Kubricht). Tous ont assumé la dimension artistique voire esthétique du camouflage, niée, pressentie ou pleinement identifiée par ses expérimentateurs initiaux parmi lesquels H. Bouchard, F. Marc et E. Wadsworth. Une dimension très souvent autonome, faisant du « néo-camouflage » une expression étrangère à l’interrogation de la mémoire traumatique de la guerre.

 

 

Memoirs of camouflage of the Great War in contemporary art

Camouflage material applied during the Great War emerged as an immediate necessity applying in land and naval context, in the offensive and defensive perspective. New in military history, its theory as well as its application have mainly been entrusted to artists and craftsmen whose specific skills were requested including concealment of goals either by merging with homotypical implementation environments, or by disintegration of revealing forms using graphical and chromatic processes.

The contemporary visual artists approaches have been crossing this camouflage field without their initiators’ such as A. Jacquet, A. Warhol, E. Rutten, Meyffret K., S. Lang, R. Lichtenstein, Mr Aubry, T. Hirschorn, full and documented awareness of what they owed to the camoufleur artists of the Great War and their multifaceted contribution. Other practices have clearly been correlated to them – a filiation value of legitimization that may have been sometimes deliberately sought for - reinvested and interpreted in the vision of the terrestrial war concealment or rather in that of naval Dazzle Painting (Lakonik, BC The Gouic, J. Koons, A. Bantjes, A. Judic, RG McHarg III, P. Van Lubeck, A. Reimann, F. Moreno, C. Fudge, JB Sauvage, CM Kubricht). Everybody had assumed the artistic dimension or aesthetic camouflage, denied, or sensed fully identified by its original experimenters including H. Bouchard, Marc F. and E. Wadsworth. A dimension often autonomous, making the "neo-camouflage" a foreign expression questioning the traumatic memory of the war.

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